
Le salon des Marquises reçoit Isabelle Arciero-Mahier. Artiste peintre, plasticienne, créatrice de textile, elle travaille différentes matières dont la soie. Les organisateurs du salon de la Terre des hommes l’ont rencontrée au Quai Branly à l’occasion de l’exposition Matahoata. Le courant est tout de suite passé. Aujourd’hui, il se traduit par la présentation d’un modèle de vêtement en soie et tapa. Une nouvelle aventure commence.
« L’idée », explique Isabelle Arciero-Mahier, peintre, plasticienne et créatrice de textile, « était de voir si l’on pouvait mêler nos savoir-faire et, à travers eux, les matières premières que nous utilisions. Je travaille la soie brute ou finement tressée par les soieries de Charlieu et le papier chiffon du Moulin de Richard de Bas, les artisanes des Marquises font du tapa, de différentes couleurs. » Après plus d’une semaine de tests la réponse, à l’unisson, est « oui ».
« Le premier jour, quand on a commencé à tisser de la soie et du tapa, qu’on a vu que ça marchait notamment avec le tapa du murier, ça a été vraiment génial », se rappelle Isabelle Arciero-Mahier. « Depuis on travaille à la réalisation d’une tenue qui sera présentée ce vendredi en fin de matinée. » Tenue qui « dans l’idéal », n’est que le début d’une collection. « J’espère que d’ici deux ans, on pourra présenter un défilé complet, ici ou ailleurs dans le monde. En plus des tenues on peut imaginer plein de choses, des tentures, des paravents, des tableaux, jouer avec la transparence… Les déclinaisons sont infinies. »
Et si le projet ne voit pas le bout, l’artiste se contentera de « l’émulation née des échanges » qu’elle aura eue avec les artisanes des Marquises. « La rencontre fait la richesse, tout cela sera fructueux quoi qu’il arrive », résume-t-elle. « Le partage n’est pas là pour mettre un terme à une tradition de toujours, au contraire, il est là pour donner un nouveau souffle et permettre à celles qui ont ce savoir-faire traditionnel de le conserver et le perpétuer ».
Cette idée de marier soie et tapa est née il y a quelques mois, de l’autre côté de la terre, au musée du Quai Branly. Sarah Vaki, présidente de la fédération Te Tuhuka o te Henua Enana, y a fait une démonstration à l’occasion de l’exposition Matahoata. Isabelle Arciero-Mahier, de passage, est tombée sous le charme.
L’artiste est d’abord une grande voyageuse. Elle s’imprègne de ses rencontres et découvertes aux quatre coins de la terre pour créer. Au-delà de la matière et des techniques, c’est l’assistance de scientifiques, d’artistes, de dentellières, de brodeuses, de maîtres parfumeurs, de maîtres confiseurs, de teinturiers ou bien encore de maîtres papetiers qui font la différence. Toutefois les créations d’Isabelle Arciero-Mahier ont un point commun. Quelles que soient leurs sources d’inspiration et les guides qui se placent le long du processus créatif. Elles relient les traditions ancestrales à des techniques contemporaines.
De passage au fenua, Isabelle Arceiero-Mahier s’est imprégnée de nouvelles matières, de nouvelles techniques, de nouvelles façons de penser l’art et la création. Elle espère pouvoir accueillir chez elle, dans l’année, une artisane des Marquises. Et, à termes, se rendre sur la Terre des hommes. En attendant, elle a été tellement marquée par « la douceur, la beauté et les senteurs de Tahiti, par l’harmonie qui règne ici comme nulle part ailleurs » qu’elle assure restituer un peu de Polynésie dans ses prochaines œuvres. « J’ai beaucoup voyagé mais je n’ai jamais vu tant de beauté ailleurs. C’est pur, aérien, éphémère et sans comparaison possible. »